Ça faisait un bon trois heures qu’on pêchait. Y faisait froid pour la fin juillet, environ dix-sept ou dix-huit degrés Celsius. Un bon vent soufflait de l’ouest et les rares et timides percées de soleil semblaient nous narguer de leur chaleur réconfortante. On avait travaillé plusieurs structures rocheuses qu’on pouvait apercevoir à l’œil nu. Trois gars, mon ami Terry, mon frère Simon et moi, un à la traîne et les deux autres au lancer. Selon nos sources, il y avait dans ce lac (le Lac Gagnon) de la ouananiche, de la truite mouchetée, du touladi et de l’achigan à petite bouche. Dépourvu d’échosondeur, on cherchait les achigans près du rivage avec l’espoir de capturer une truite ou deux par chance. Malheureusement, la chance n’était pas avec nous.
Fin d’avant-midi, bilan pauvre et moral sous la coque. Après trois petites bouches d’une demi livre, on a décidé d’aller au fond d’une baie épargnée par le vent question de se réchauffer et, tant qu’à y être, pourquoi pas effectuer quelques lancers, sait-on jamais. « J’en ai un ». Un achigan d’une livre nageait maintenant dans le vivier alors que notre motivation avait monté d’un cran (ou d’une demi livre!). Armés de nos leurres, on quadrillait littéralement la surface de l’eau devenue lisse avec le vent qui tombait. M’étant réchauffé et un peu las de projeter mon poisson-nageur dans toutes les directions, j’étais sur le point de proposer aux gars de changer de secteur quand Terry se tourna vers nous, l’air d’avoir vu Paul McCartney en personne.
-les gars, je viens de voir un estie de gros poisson qui suivait mon leurre!
-ah ouin!
-non mais vous comprenez pas, c’est le plus gros poisson que j’ai eu la chance de voir à date.
-ben voyons, fait mon frère, incrédule
-je te le dis, y faut continuer de lancer!
On a continué de lancer et après cinq minutes, Terry nous jubila l’avoir encore aperçue, cette bête dont l’espèce nous était encore inconnue. Le sifflement de nos fils fouettant l’air sans relâche faisait souffrir la baie d’acouphène alors que nos leurres allaient se déposer précisément au dessus des structures convoitées. Lors d’une récupération, je vis une ombre imposante s’approcher de mon devon et l’engouffrer paresseusement, faisant plier ma canne et siffler mon moulinet.
-Je l’ai! Je l’ai!
C’en ai suivit un court combat de cinq minutes jusqu’à ce que Terry puise ce monstre de lac, ce requin d’eau douce, c’était un brochet, quelle surprise! Après avoir enfilé une paire de gants (les dents et l’agressivité d’un brochet me font frissonner), à travers les cris de joie et l'excitation juvénile dont nous étions sous l'emprise, on a pris quelques photos, pesé la bête (10.2 lbs) puis j’ai remis ce carnassier dans son environnement après l’avoir soigneusement oxygéné selon les règles de l’art. Il est reparti, tranquille et dominant, me laissant avec un incroyable sentiment de fierté et de respect pour ce poisson qui nous avait procuré tant d’émotions fortes et que j’avais laissé vivre.
Fin d’avant-midi, bilan pauvre et moral sous la coque. Après trois petites bouches d’une demi livre, on a décidé d’aller au fond d’une baie épargnée par le vent question de se réchauffer et, tant qu’à y être, pourquoi pas effectuer quelques lancers, sait-on jamais. « J’en ai un ». Un achigan d’une livre nageait maintenant dans le vivier alors que notre motivation avait monté d’un cran (ou d’une demi livre!). Armés de nos leurres, on quadrillait littéralement la surface de l’eau devenue lisse avec le vent qui tombait. M’étant réchauffé et un peu las de projeter mon poisson-nageur dans toutes les directions, j’étais sur le point de proposer aux gars de changer de secteur quand Terry se tourna vers nous, l’air d’avoir vu Paul McCartney en personne.
-les gars, je viens de voir un estie de gros poisson qui suivait mon leurre!
-ah ouin!
-non mais vous comprenez pas, c’est le plus gros poisson que j’ai eu la chance de voir à date.
-ben voyons, fait mon frère, incrédule
-je te le dis, y faut continuer de lancer!
On a continué de lancer et après cinq minutes, Terry nous jubila l’avoir encore aperçue, cette bête dont l’espèce nous était encore inconnue. Le sifflement de nos fils fouettant l’air sans relâche faisait souffrir la baie d’acouphène alors que nos leurres allaient se déposer précisément au dessus des structures convoitées. Lors d’une récupération, je vis une ombre imposante s’approcher de mon devon et l’engouffrer paresseusement, faisant plier ma canne et siffler mon moulinet.
-Je l’ai! Je l’ai!
C’en ai suivit un court combat de cinq minutes jusqu’à ce que Terry puise ce monstre de lac, ce requin d’eau douce, c’était un brochet, quelle surprise! Après avoir enfilé une paire de gants (les dents et l’agressivité d’un brochet me font frissonner), à travers les cris de joie et l'excitation juvénile dont nous étions sous l'emprise, on a pris quelques photos, pesé la bête (10.2 lbs) puis j’ai remis ce carnassier dans son environnement après l’avoir soigneusement oxygéné selon les règles de l’art. Il est reparti, tranquille et dominant, me laissant avec un incroyable sentiment de fierté et de respect pour ce poisson qui nous avait procuré tant d’émotions fortes et que j’avais laissé vivre.
« Merci mon vieux! Va t-en et terrorise. T’es le king! »
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