mardi 19 octobre 2010
Je cherche toujours à écrire le meilleur truc, l’œuvre de ma vie, d’être le plus allumé. Mon art est une compétition, un désir de gagner, de me faire regarder. J’écris pour être différent et ces jours-ci, je perds un peu d’intérêt à l’écriture parce que j’en perds le sentiment d’originalité. Fuck off le sentiment de j’sais pas quoi! J’suis vraiment écœuré de toutes ces conneries qui font que je m’enfarge dans vie, ou qui m’empêche d’avancer (du moins c’est ce que je crois), comme des vieilles souches ou des branches de bois vert qui me fustige le visage ou des mouches à chevreuil qui me harcèlent et des moustiques qui s’en mêlent, comme des pensées qui me piquent et qui laissent leurs venin sous la peau de mon mental qui enfle et devient rouge. J’ai l’esprit au vif et l’épiderme à peau de fleur.

Y’en a qui vont peut-être penser que j’suis quelqu’un de malheureux, de foncièrement gris et chialeux mais en fait, c’est que quand je me sens heureux et à ma place, j’ai pas le goût de perdre mon temps sur un petit crisse de clavier en plastique avec un écran accroché après. J’ai juste envie de vivre le moment, le regard et l’âme absorbé dans l’espace qui nous indifférencie.

Aimons-nous parce que de toute façon… nous ne sommes pas séparés ou distinct, c’est une illusion. Comme le disait Pierre Richard dans le film Le bonheur de Pierre : « dans l’infiniment petit, nous ne faisons qu’un! », et c’est vrai. Nous sommes une boule d’énergie qui s’étend et se contracte puis se rassemble puis explose durant des éternités. Nous sommes des phénomènes qui se fondent. Nous sommes Le Phénomène. Nous sommes. Je suis.

Le modèle modelé

Tu sais mon vieux…enfin, je pense qu’on est tous presque toujours en train de compenser. Je te regardais aujourd’hui te battre avec tes dépendances, avec ta conscience pis tes vieux réflexes pis je me suis reconnu. Je me suis vue moi-même essayant de me débarrasser de mon armure, tu sais ces petits gestes et ces habitudes qui nous protègent du monde extérieur (celui-ci étant hostile puisqu’il nous rappel trop notre intérieur) et qui vandalisent nos relations en nous érodant le cœur. C’est à ce moment que j’ai ressenti de la compassion, réalisant d’un seul coup à quel point on compense tous d’une façon plus ou moins importante pendant que la terre et le temps continuent de tourner.

C’est surtout la cigarette, cette vielle amie salope qui nous transforme en vieillard jaune et goudronneux tellement on l’aime et la consomme. Le pot aussi, la petite pipe, le buzz, le recul quotidien, la bonne humeur en gramme, l’acceptation de tout, même des responsabilités, la bonne boucane verte. Je me suis souvenu combien jeune t’avais commencé à consommer, pis de façon régulière en plus. J’ai alors pensé : « ya quelqu’un qui n’a pas fait sa job je crois ». Je pense que ce n’est vraiment pas normal de fumer du pot pis des cigarettes aussi souvent à cet âge là. D’accord pour en faire l’expérience à l’occasion mais de la à en faire un mode de vie et presque une raison d’être, ya une absence d’autorité de la part de celui ou celle qui doit l’appliquer. Ya un manque flagrant de présence morale, un manque d’exemple, de modèle. C’était qui tes modèles quand t’étais confiné dans la cave avec ta table de cuisine à toi, ta friteuse, ta petite télé pis ton fauteuil? Les Simpson, Henri pis sa gang, South Park? Pis tout les films que tu regardais, The Doors, Fait à l’os, cannabis 101? On s’est trouvé nos propres modèles avec ce qu’on avait de disponible. Moi aussi c’était des personnages de films, des vedettes de rock ou des poètes soûlographes.

Aujourd’hui, on apprend qu’on ne doit se fier qu’à nous même pour tracer notre code moral et construire notre bonheur mais pourquoi on ne nous l’a pas dit avant?! Pourquoi personne nous à enseigné à extraire notre propre vérité? Je pense que c’est génétique. C’est une ignorance qui se transmet de génération en génération en accumulant l’abrutissement de nos modèles collectifs tout en nous coupant de nos maîtres particuliers qui eux-mêmes agissent de la sorte à cause de modèles manquants. Nous somme déconnectés et flottants, arbitraires et disparates. Ce n’est pas une attaque envers nos parents (quoi que je ne pense pas qu’ils me lisent) ni envers les autres parents, c’est plutôt un appel ou un rappel que la tâche la plus importante d’un parent ou d’un modèle, qu’il soit collectif ou particulier, c’est de projeter l’image de ses propres idéaux, d’appliquer ses idées sur le monde, d’agir selon ses convictions et d’être suffisamment présent pour que ses enfant ou élèves ne ressentent pas le besoin de puiser dans les médias pour apprendre sur la vie. « Fais ce que je dis et non ce que je fais », c’est de l’ostie de marde!

…c’est avec une émotion lacrymale pourpre de contradiction que je te sacrifie mes pensées ce soir. Et je les sacrifie en l’honneur de nous tous qui maintenant avons le pouvoir de leurrer l’aurore. Nous pleurons rond de larmes mais levons nous et vivons! Nous dormons rouge de lave mais veillons!

Le bonheur à coup de bat de baseball

mercredi 6 octobre 2010
Je suis malheureux. Non, c’est faux. Veuillez me pardonner mon erreur et me laisser vous expliquer. Je suis heureux mais je l’ai oublié. J’ai toujours cru que le bonheur était comme une espèce de lézard visqueux qui me glissait des doigts chaque fois que j’essayais de le saisir. Je l’ai déjà attrapé ce reptile, mais il gigotait comme une truite printanière alors je le serrais si fort qu’il s’évaporait comme par magie. À d’autre moment, il réussissait son évasion et je le maudissais de m’avoir nargué de sa caresse douce comme l’été. Car un matin joli que je sifflais ce refrain, mon bonheur est parti sans me donner la main!

Mais alors, que dois-je faire pour le garder avec moi? L’image de mon sourire, de mon visage calme et souriant, l’image de moi heureux est au bout d’un long corridor au plancher de colle, au sol de goudron. Elle est lointaine et vaporeuse cette image idéale et même si je m’agrippe aux murs de ma propre volonté, ces derniers m’engluent et me retiennent, enduits de paresse et de procrastination. J’ai l’impression de tout savoir mais de ne rien sentir, de tout connaître mais de ne rien vivre. La vérité, c’est que je ne connais pas grand-chose et je subi tout ce qui m’arrive, incapable de prendre les guides et "chevaucher ma vie comme un cheval sauvage".

La peur. La peur est celle qui me bloque et mes blocages font naître ma peur. Mes blocages, ils sont sombres et ambigus et je suis las de jouer à l’archéologue. Même mon inspiration ne s’en nourrit plus. Elle les consomme par gourmandise et devient grasse comme mon bide plein de bière. Ma bedaine est une allégorie spirituelle et un cliché rock’n’roll.

Je suis coincé dans la recherche active du bonheur. Coincé à penser que je cours derrière alors que je le piétine. Il flotte et plane autour de moi pendant que je cale et m’enlise. J’ai eue à quelque reprise le sentiment du néant, du non-être, de l’absence du Moi. J’y suis arrivé soit avec la drogue, avec les émotions, avec la musique ou avec l’amour. Quoi qu’il en soit, à chaque fois cette expérience accentuait mon appréciation de la vie et de sa fugacité. Vous savez, cette sensation du rien carrelé, de la télé enneigées, du bruit blanc qui vous prend comme une chaleur dans le cou, un germe d’anxiété qui éclot et grandi comme un fils indésirable, et bien ça me donnait le goût de vivre parce que je savais et je sentais que ma vie était un cadeau, une gratuité réjouissante apparaissant comme un lapin dans un chapeau. J’en profitais. Je fêtais. Tellement que j’en suis venu à ne pas jouir des situations autre que la fête. Le travail, la vie sociale, l’amitié, le plaisir m’apparaissent comme des responsabilités. L’amour, pour moi c’est le party ou rien. Le but ultime, c’est l’Amour, le gros party, la fête perpétuelle, l’ivresse sans alcool, sans drogue, exalté, excité, naturel, intelligent. Mais quand ce n’est pas le cas, quand la joie n'est pas parfaite, je me fâche, je ressens de la colère et de l’agressivité et je chasse le bonheur à coup de bat de baseball…
…et je ne l’attrape jamais!
 

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