Ciel bleu et omble gris

lundi 26 avril 2010

Sept heures et demi, air frais, soleil chaud, lac miroir. On met la chaloupe à l'eau pour la première journée de pêche de l'année. Nouveau partner, fiable, à l'heure et taciturne, tout ce que j'espère d'un compagnon pour leurrer ce roi des profondeurs. Roi ou reine? Omble gris, truite grise, touladi, après une vingtaine de minutes de traîne je m'écris :"j'en ai une!". On la hisse à bord du bateau, la mesure et la pèse: quarante-deux centimètres et deux livres et demi. Par orgueil masculin, je retient la joie d'avoir pris la première grise de ma vie. Je l'observe, pleine d'éclats visqueux et de nuances sur sa peau. Je l'imagine dans son habitat, à plus de cinquante pieds dans l'eau glacée, rôdant avec ses pairs à la recherche de nourriture. Ce qui me fascine le plus, c'est qu'à ce moment, je la tient hors de l'eau, dans mon habitat. Elle est comme le symbole d'un lieu que je ne verrai jamais, d'un endroit hostile à l'homme et grâce à mon intelligence et celle des innombrable pêcheurs qui m'ont précédés, je l'extrais de son monde, comme un rêve que l'on remonte à la conscience par la psychanalyse ou la drogue.

J'ai pêché un rêve et il gigote pour retourner d'où il vient.

"Time is a slippery fish now"

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